L’illusion de l’uniforme : quand un citoyen ordinaire devient maître de ta vie
Un être humain, c’est un être humain. Toi, moi, ton voisin. Même chair, mêmes faiblesses, mêmes limites. Tu n’as pas le droit de voler, de frapper, de menacer ou de tuer. Moi non plus. Mais alors, comment un policier peut avoir ces droits que toi tu n’as pas?
C’est la question taboue. Celle qu’on n’ose pas poser de peur de passer pour un marginal. Pourtant, la logique est implacable: si personne n’a le droit de faire X, comment ce droit peut-il surgir comme par magie quand un costume, un badge et une radio entrent en scène?
L’illusion de l’autorité
L’uniforme agit comme un talisman. Sans lui, l’agent est juste un individu parmi d’autres. Avec lui, il devient le détenteur d’un pouvoir supérieur. Mais pourquoi? Parce qu’il a prêté serment? Parce qu’un politicien a signé un décret? Parce qu’il a suivi une formation?
Réfléchis bien: aucun de ces éléments ne crée un droit. Si je te donne une attestation disant que tu peux voler ton voisin, ça reste du vol. Si un groupe de gens se met d’accord pour dire qu’il est “moral” de frapper celui qui refuse d’obéir, ça reste une agression. Alors, encore une fois: comment un policier peut avoir ces droits que toi tu n’as pas?
Les “droits spéciaux”
L’uniforme ne se contente pas de protéger. Il fabrique des droits inexistants pour les imposer comme s’ils étaient naturels. Fais le test mental:
- Si tu extorques ton voisin avec la menace de “payer ou je casse ta porte”, tu es un criminel. Si le policier le fait au nom des taxes impayées, c’est normal. Mais comment un policier peut avoir ce droit que toi tu n’as pas?
- Si tu plaques un passant au sol parce qu’il n’a pas respecté ta règle personnelle, c’est de la violence gratuite. Si un policier le fait pour un ticket de stationnement, c’est la procédure. Mais comment un policier peut avoir ce droit que toi tu n’as pas?
- Si tu tues quelqu’un parce qu’il refuse de te suivre, tu passes ta vie en prison. Si un agent le fait parce qu’il “n’obtempérait pas”, c’est classé “intervention justifiée”. Mais comment un policier peut avoir ce droit que toi tu n’as pas?
Chaque exemple souligne la même absurdité: la morale ne change pas parce qu’un uniforme entre en jeu. Ce qui est mal pour toi reste mal pour lui. La seule différence, c’est la croyance collective dans le pouvoir magique de l’autorité.
La violence comme fondement
On aime se bercer de l’illusion que la loi repose sur la justice. Que la société tient debout grâce au “contrat social”. C’est joli à dire, mais la réalité est brutale: la loi repose sur la menace et la violence.
Ne paye pas une amende: saisie. Refuse la saisie: arrestation. Résiste à l’arrestation: coups, matraque, Taser. Refuse encore: balle.
La chaîne est toujours la même: obéis ou subis l’escalade, jusqu’à la mort s’il le faut. La société ne tient pas par l’équité, mais par la peur.
Et au cœur de cette mécanique, toujours la même question: comment un policier peut avoir ce droit de t’écraser que toi tu n’as pas?
Un détour historique
Certains croient que la police a toujours existé. C’est faux. Pendant des siècles, les communautés s’auto-organisaient. Les voisins géraient les conflits, les milices locales protégeaient les villages, les shérifs étaient élus. L’ordre reposait sur la responsabilité directe des citoyens.
La police moderne, telle qu’on la connaît, est née au XIXᵉ siècle en Europe. Pas pour protéger les gens, mais pour protéger l’État et les propriétaires contre les ouvriers, les révoltes et les grèves. Londres crée la Metropolitan Police en 1829: un corps hiérarchisé, uniforme, payé par l’impôt, chargé de maintenir l’ordre social au profit des élites. Paris suivra avec la police centralisée de Napoléon III.
Dès le départ, la mission n’était pas “sécurité publique”, mais contrôle politique. Empêcher les soulèvements, briser les manifestations, surveiller la population. L’image du “gardien de la paix” viendra plus tard, comme vernis moral pour cacher l’essence véritable: un bras armé au service du pouvoir.
Et donc, la question prend encore plus de poids: comment un policier peut avoir ces droits que toi tu n’as pas, alors que sa fonction a été inventée précisément pour te dominer?
Pourquoi on accepte
On accepte parce qu’on a été dressés ainsi depuis l’enfance. À l’école, l’enseignant est une petite autorité. L’adulte, le fonctionnaire, le “supérieur hiérarchique”. Et au sommet de cette pyramide, l’uniforme.
On accepte parce qu’on a peur. Parce que résister, c’est risquer d’y laisser des dents, un casier, ou sa vie. On se convainc que c’est normal, que c’est pour “l’ordre”, pour “notre sécurité”.
Mais soyons honnêtes: est-ce vraiment la sécurité, ou juste la servitude emballée dans un joli discours? Et surtout, redis-le à voix haute: comment un policier peut avoir ces droits que toi tu n’as pas?
L’alternative oubliée
La vérité, c’est qu’aucun uniforme n’a jamais créé un droit. La seule chose qu’il crée, c’est une hiérarchie de la peur. Pourtant, il existe une autre manière de vivre ensemble. Une manière qui repose sur le consentement, pas sur la menace.
Le volontarisme.
Pas de privilèges spéciaux. Pas de costume magique qui t’élève au-dessus des autres. Juste des humains libres qui coopèrent parce qu’ils le veulent, pas parce qu’ils y sont forcés.
C’est plus simple que toutes les lois, plus juste que toutes les chartes, et surtout plus moral que n’importe quel code pénal: si toi tu n’as pas ce droit, personne d’autre ne peut se l’inventer.
On nous répète que sans l’uniforme, ce serait le chaos. Mais ouvre les yeux: avec l’uniforme, c’est déjà le chaos de la morale. Une société où certains se donnent des droits que toi tu n’auras jamais. Une société où la peur a remplacé la justice.
Alors pose-toi la vraie question, celle que l’on fuit: comment un policier peut avoir ces droits que toi tu n’as pas? Et si tu ne trouves aucune réponse cohérente, c’est que ces droits n’existent pas. Ils sont une illusion. Une illusion qu’il est temps de briser.
✍️ Le Volontariste

One response
Encore une fois, très pertinent, très juste. Merci!